Avez-vous le bon réflexe?

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Voici ce qui devrait être notre premier réflexe lorsque l’on souhaite prévenir ou faire cesser un comportement sans avoir à intervenir directement sur notre animal. De quoi s’agit-il exactement? Modifier l’environnement.

Pour arriver à gérer l’environnement, il faut bien comprendre de quoi il s’agit. L’environnement* est l’ensemble des éléments physiques, chimiques ou biologiques, naturels et artificiels, qui entourent un être humain, un animal ou un végétal.

Si nous prenons l’exemple d’une pièce, l’environnement correspond à tout ce qui s’y retrouve. La façon dont est disposée la pièce elle-même, ses dimensions, sa température, le bruit ambiant, de même que les organismes vivants, humains, animaux ou matériels, tous font partie intégrante de l’environnement.
Sur quoi veut-on agir à partir de l’environnement? Un comportement*, c’est-à-dire l’ensemble des réactions, observables objectivement, d’un organisme qui agit en réponse aux stimulations venues de son milieu intérieur ou du milieu extérieur. Un comportement est toujours en relation avec l’environnement. Environnement X = comportement Y.

Ne le tentez pas inutilement

Avant même d’avoir le réflexe de dire ”NON” à notre chien (vouloir lui faire comprendre qu’il ne devrait pas faire ceci ou cela), il est impératif de faire en sorte que l’environnement ne lui permette pas d’exprimer un certain comportement ou encore qu’il ne lui permette pas d’avoir accès à quelque chose ou à quelqu’un.
Si vous avez un chiot à la maison, il risque fort de s’en prendre aux chaussures des occupants. Le réflexe devrait alors être de ne laisser traîner aucune chaussure afin d’éviter que le chien ne développe l’habitude de s’en prendre à celles-ci. N’allez pas croire que le fait d’éviter la situation va empêcher l’apprentissage de suivre son cours. En fait, si vous arrivez à faire en sorte que la situation problématique ne se produise pas, elle risque de ne jamais se développer et par conséquent, de ne jamais devenir un problème…
Je citerai Michel Chanton, Docteur en éthologie et comportementaliste canin : « MOINS ON IMPOSE DE CONTRAINTES, MOINS IL Y A DE PROBLÈMES ».

Gérez son environnement!

Gérer l’environnement peut aussi servir à travailler sur les émotions d’un chien. Par exemple, un chien qui se trouverait terriblement anxieux en ville pourrait se trouver plus confortable à la campagne. Ou encore, un chien inconfortable et agressif en présence d’enfants pourrait avoir un comportement exemplaire dans un foyer pour personnes âgées. À l’inverse, travailler sur l’environnement intérieur du chien ou le nôtre c’est-à-dire sur les émotions peut aussi avoir une incidence sur l’expression de certains comportements. Lors de mes promenades avec Léa en laisse, il peut lui arriver de réagir lorsque nous croisons un grand chien lui aussi en laisse. Elle peut alors se braquer, grogner, aboyer…! Quelques options s’offrent alors pour éviter que Léa exprime ces comportements. Je peux modifier la distance de quelques mètres, détacher la laisse ou encore, m’exprimer de façon exagérément cordiale aux passants pour tenter de changer l’émotion de Léa. Environnement X = Comportement Y; si je change de façon efficace le X, cela aura une incidence sur le Y.
Ainsi, si vous êtes dans un parc canin, dans la mêlée de chiens et que vous appréhendez que la soupe chauffe, le simple fait de vous éloigner dans un coin plus tranquille pourrait avoir un impact sur le déroulement de votre visite.
Quand il est question de gérer l’environnement, il faut trouver le déclencheur qui fera que le comportement non souhaitable va se produire. C’est dans plusieurs cas l’élément déclencheur du comportement qu’on doit exclure de l’environnement pour avoir un impact sur celui-ci.
En conclusion, gérer l’environnement est possiblement la façon la plus rapide et efficace pour s’attaquer à des problèmes. Si le fait de gérer l’environnement devient une trop grande contrainte, il faut alors trouver d’autres techniques pour que le problème ne se présente pas.
Donc, simplifiez-vous la vie en étant conscient du pouvoir de l’environnement!

*Définitions tirées de : Le Petit Larousse illustré, Paris, Larousse, 2007

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La boite à outilsDéfinition du point focus et fonction comportementale Le point focus désigne un stimulus alimentaire de forte valeur (objet enrichi d’une denrée ou denrée seule) destiné à mobiliser les ressources attentionnelles du chien à un moment ciblé. Son utilisation vise à prévenir ou moduler l’expression d’un comportement indésirable en détournant l’orientation attentionnelle et motivationnelle du chien vers une activité alternative. Ce mécanisme s’appuie sur deux principes fondamentaux : Compétition attentionnelle — un stimulus hautement motivant entre en concurrence avec un déclencheur potentiel (p. ex. arrivée d’un visiteur, mouvement d’un animal). Prévention des apprentissages indésirables — en diminuant la probabilité d’exposition à un stimulus déclencheur dans un état émotionnel inadapté, on limite la consolidation ou l’amplification d’un comportement problématique. Mode d’action et utilisation optimale Pour être efficace, le point focus doit : présenter une valeur motivationnelle élevée (renforcement de haute intensité), occuper le chien suffisamment longtemps pour permettre une gestion du contexte sans surcharge du système émotionnel, être introduit avant l’apparition de la réponse comportementale, influençant ainsi les processus d’anticipation et de régulation émotionnelle. L’objectif est de rediriger la réponse comportementale vers une activité incompatible avec le comportement non souhaité (principe d’incompatibilité comportementale) tout en agissant sur les circuits de récompense et de recherche de nourriture, qui favorisent un état émotionnel positif. Dans certains contextes, une simple activité alimentaire enrichissante peut suffire. Dans d’autres, un stimulus plus appétent est requis pour dépasser le seuil de motivation généré par le déclencheur. Importance de l’utilisation préventive L’utilisation en prévention est déterminante : introduire un point focus avant que le chien n’entre dans un état d’excitation, de frustration ou d’hypervigilance permet de : réduire l’activation des systèmes émotionnels associés à la peur, la prédation ou la surexcitation, éviter le renforcement involontaire d’un comportement problématique, favoriser l’émergence de réponses émotionnelles plus stables et adaptées. Par exemple, dans un contexte où un chiot pourrait développer une réponse de prédation envers un outil en mouvement (ex. râteau), l’introduction préalable d’une activité alimentaire engageante permet de neutraliser ce risque avant qu’il ne devienne un comportement acquis. De même, l’utilisation d’un point focus avant un départ du domicile aide à prévenir les comportements liés à la détresse de séparation ou aux activités substitutives destructrices. Effets émotionnels et cognitifs Le point focus induit : une activation du système dopaminergique liée à la recherche et à l’obtention de nourriture, une augmentation de la concentration et de la persistance comportementale, une réduction du niveau d’hyperarousal en contexte potentiellement stressant, la possibilité de créer une association positive entre la situation déclencheuse et l’activité réalisée. L’ensemble contribue à une meilleure régulation émotionnelle et à une diminution du stress cumulatif. Règles d’application Privilégier une utilisation anticipée (quelques secondes à deux minutes avant l’exposition au déclencheur). Sélectionner un stimulus ayant une forte valeur relative, adaptée à l’individualité du chien. Assurer une durée d’engagement suffisante pour couvrir la période potentiellement problématique. Appliquer de manière cohérente pour favoriser la stabilité des réponses comportementales. Exemples de points focus Balle distributrice remplie de croquettes ou de morceaux de foie séché. Tapis de léchage recouvert de nourriture (purées, conserves, fromage en crème) puis congelé. Kong farci de croquettes réhydratées et purées variées puis congelé. Dispersion alimentaire au sol (croquettes, cubes de foie) en extérieur. Boîte de fouille ou boîte à surprises nécessitant une manipulation. Jouet ayant une très forte valeur motivationnelle. Os cru adapté (côte de bœuf, os à moelle). Tapis de fouille garni d’aliments de petite taille. Simple et efficace! [...]